La bagnole direction le ferry de Ko Chang quitte l'hotel a 9h30. Ride en montagnes russes sur la route qui longe l'ile, et saut direct dans le bateau direction Center Point, sur le continent. Le ferry est a moitie rouille, c'est un miracle qu'il navigue encore avec une centaine de personne et plusieurs dizaines de vehicules a bord... Une nouvelles bagnole facon "transport de betail" nous traine jusqu'a la gare routiere de Trat, perdue dans les nuages noirs de son echappement. arrivee 11h57, le bus pour Bangkok quitte la gare a 12h. Apres 6 heures assis dans le siege, a subir les assauts de la TV embarquee qui diffuse en boucle les episodes d'une emission populaire en Thailande (volume sonore proche de l'avion au decollage), Bangkok pointe ses grattes-ciel a l'horizon.
Un taxi nous cueille a la gare, pour tenter de nous amener vers Thewet, quartier nord-ouest de Bangkok. Seul probleme; il faut traverser la ville de part en part. Sur Thanon Sukhumvit, une des arteres principales de Bangkok, un feu reste au rouge 14 minutes montre en main. Impossible d'avancer plus rapidement. Apres 3/4 d'heure, nous avons parcouru environ 2km, et la faim nous force a nous arreter plus pres finalement.
Point de chutte, Nana, quartier chaud ou jeunes thailandaises denudees et touristes bedonants se melangent dans des soirees monnayees, se baladent le long des trottoirs encombres de boutiques de DVD copies, de souvenirs douteux et de cafards de combat, et vident des cocktails au fond de bars eclaires par des neons roses criards...
Chaleur, bordel, paradoxes, bruit, traffic, entassement, foule, pollution, negociation... J'arrive pas a comprendre, mais j'adore Bangkok...
 
Dan a une petite maison le long de l'unique route qui longe la cote ouest de Koh Chang, au niveau de Hat Tha Nam. Sa maison, tout a fait Thai style, et le salon se compose d'une grande piece donnant sur la route, qui ne ferme qu'avec une grille faisant un peu penser a celle d'un magasin ou d'un garage. Pour seule mobilier, une table basse, deux coussins thais, un matelas fin, et un ventilateur. Une TV diffuse des emissions sur les chaines thai, plus pour l'ambiance.
Alors que sa femme, anglaise de Londres comme lui, prepare le repas, il nous accorde quelques minutes pour discutter. Il ne semble de toute facon pas tres occupe...

Depuis les 8 ans qu'il est installe dans cette maison, il a vu pas mal de batiments pousser tout autour. Pourtant, Hat Tha Nam est relativement epargnee par l'escalade touristique (surnomme "Lonely Beach"). Lonely Beach, c'est loin, et le touriste paresseux ne se pointe pas trop... C'est surtout la zone plus au nord, le long de "White Sand Beach" qui se trouve touchee par la mutiplication du nombre des grands resorts.
Neanmoins, explique-t-il, avec le nombre d'hotels et de restaurants qui ouvrent chaque qnnee, l'offre a surpasse la demande... Les etudes de marche ne sont meme pas effectuees, et au final, il y a trop d'infrastructures pour les nombre de touristes qui debarque sur l'ile... Certains hotels offrent une nuit pour trois achetees, d'autres acceptent de vous loger a n'importe quel prix, et les derniers sont finalement a vendre ou a remettre... Cette annee, seulement 50% des hebergements offerts ont ete remplis, et la haute saison s'est terminee bien plus tot que prevu... Normalement, on parle encore de haute saison jusque fin mars, mais cette annee elle etait  deja terminee fin fevrier. Ainsi, on voit en se baladant le long de la route pas mal de commerces a vendre, voire meme toute une zone ou les constructions sont laissees en plan, faute de fric.
Les yeux plus gros que le ventre? Pas seulement. La crise a cause pas mal de tort au tourisme a Koh Chang... Elle n'est pourtant pas la seule cause de ce manque de frequentation. Les investisseurs on bel et bien vu trop grand, et les seuls qui profitent finalement de cette situation sont les 3 ou 4 proprietaires de toutes les terres de l'ile(de riches Thailandais de Bangkok) qui louent ou vendent a prix d'or les terrains proches de la mer aux hotels qui se battent pour attirer les touristes trop peu nombreux.

Dan, avec ses trois ordinateurs arranges en cyber cafe dans son salon, ne gagne quasiment rien de cette activite. Il vend aussi quelques bouquins d'occaz, et en retire a peine de quoi manger en haute saison... Il se debrouille avec d'autres petites activites, ou avec ses reserves. De toute facon, confie-t-il, c'est toujours mieux que Londres. Puis une bonne odeur se degage de la cuisine, et les plats apparaissent enfin sur la table. il est l'heure du repas, et de quitter Dan, avec quelques infos rassurantes sur Koh Chang.
En effet, il ressort de ces infos que la course a la construction va peut-etre s'arreter a court terme, manque de visiteurs, et que les paysages cotiers de l'ile seront un peu sauvegardes. Avec environ 90% de sa surface recouverte de jungle dense, Koh Chang, parc naturel national, reste donc une ile sauvage, dans laquelle on peut marcher des heures sans rencontrer rien d'autre que des bestioles ou des singes qui vous quemandent des bananes...
 
De retour d'une petite balade de 6 heures dans la foret qui s'etend a l'interieur des terres de Koh Chang, je suis creve. Al a fin du trek, mle guide (un Thai super marrant et plein de respect pour la jungle, les animaux et la nature, avec mille deux cents histoires sur tout ce qu'on pouvait voir) nous a annonce qu'on avait parcouru environ 12 kilometres. Franchement, j'avais l'impression d'avoir marche le double...
Au detour de la piste, pas mal de choses sympa, et quelques insectes non moins sympa. Photos bientot... J'ai aussi appris une chose: on peut suer sans discontinuer pendant 6 heures, il reste toujours de la sueur... Pour finir completement trempe, sans savoir si c'etait la sueur ou la trempete dans les petits cours d'eau frais que l'on a traverses.
Quand on marche, mieux vaut regarder ou l'on met les pieds. Ici, il faut aussi faire attention a la ou on met la tete, parce qu'on a assez vite fait de s'empetrer dans un toile d'araignee bien degueue, ou de bouffer un nuage de moustiques avides en rigolant ou en parlant...
Au tableau de chasse de la journee, surtout des machins insectoides ou arachnoides, notament une tarentule de bonne taille, des papillons rivalisant de creativite de forme et de couleurs, et un groupe de macaques qui ont beaucoup aprecie nous piquer nos bananes, evidemment. Ah!!! J'oubliais: une espece de petite sauterelle tout a fait incroyable, se fondant parfaitement dans la nature en immitant une fleur blanche aux longs pistilles. Regroupee en petit groupes d'une vingteine le long d'une branche, on croirait voir une sorte de bouquet alors que c'est une colonie de bestioles... La vegetation semble pousser dans tous les sens, et comme dirait Forrest Gump a propos de la pluie, on ne sait parfois pas vaiment si les arbres montent ou descendent.
A garder en memoire, des images de nature luxuriante, et un silence uniquement trouble par les insectes et les oiseaux.

Une bonne nuit de sommeil qui m'attend..............
 
Avez-vous deja ose dire a votre patron que vous etiez en retard parce que votre train etait bloque dans les embouteillages?... Et bien en Thailande, vous pouvez.
Le Rapid-Express ChiangMai-Bangkok part a 21h. C'est un train de nuit sans couchettes qui marque pas mal d'arrets dans pas mal de petites gares. Au matin, il entre dans Bangkok pour arriver a Hualompong, terminus. Enfin, il tente d'entrer dans Bangkok... Pour parvenir a destination, le train doit avant tout penetrer la zone urbaine aux heures de pointes, vers 8h du mat. Il traverse des boulevard et des voies rapides, et croyez-le ou non, s'arrete aux feux rouges... Comme la circulation est completement desordonnee, les voitures s'arretent au milieu de la voie ferree et le train doit attendre... de longs moments... Resultat, plus d'une heure de retard, du au traffic.

Paradoxe pour un train, non?...
Et c'est loin d'etre le seul paradoxe qui etonne au pays du sourire. Liste exhaustive? Meme trop longue... Hotels dont les luxueux jardins et les installations feraient palir d'envie les etablissements les plus chics d'Europe, mais service a l'extreme economie pour rentabiliser au mepris de tout... Conducteur de taxi souriant et sympathique, aimable et a la discussion facile, qui vous amene a une fausse destination pour vous faire payer deux fois le prix d'un billet de ferry que vous acheteriez au tarif normal si vous etiez au bon endroit... J'ai achete une paire de sandales 200 bahts a Bangkok, qu'on me proposait a 480 a ChiangMai; il faut negocier mais finalement quel est le vrai prix des choses?...
Grosse amalgamme de ma part, je le reconnais, et je ne connais pas tous les secrets caches derriere les choses de la Thailande, car je manque de temps pour les comprendre. Mais vu d'ici, la Thailande, le pays du sourire, a la si forte culture du respect, est corrompue a certains endroit par l'appel d'une reussite facon occidentale... L'argent et le tourisme qui parfois change les mentalites, et quelques regions deviennent un peu "l'hotel du monde". Pour moi, l'occasion de sortir des sentiers battus ne s'est pas presente, mais c'etait le deal: passer quelques semaines de vacances avant de chercher autre chose.
Par ailleurs, aucun desespoir vis a vis de ce que devient la Thailande... C'est vrai que c'est dommage de voir le chemin que suit le developpement de certaines regions (ici a Koh Chang par exemple, le nombre des hebergements a explose depuis ma derniere visite il y a 6 ans, et on commence meme a organiser des full moon parties comme a Koh Pha Ngan), et d'imaginer que les paradis de la planete ne seront peut-etre bientot plus qu'un grand village de vacances... Mais quand on passe en bus le long des routes, et qu'on a le temps de regarder, on peut entrevoir encore beaucoup des choses plus vraies, cachees le long d'une plage un peu moins jolies, ou entre deux chemins de terre. Mon seul regret sera surement de ne pas avoir pris le temps de visiter le nord-est, bien moins developpe en terme de tourisme, mais la seule visite des rues de Surratthani m'a reconnecte avec ce que je cherchais.
 
Chiang Mai, le 21 mars. Achat du billet de train pour retour vers le sud. depart de la gare a 21h00. Un Rapid Express qui reservera pas mal de surprise (a lire bientot). Arrivee a Bangkok, Hualumpong Station a 9h45 la matin du 22. Saut dans le metro, super nickel et novateur, bien entretenu. Correspondance Thanon Sukhumvit pour le Sky Train qui nous fait voler au dessus des avenues direction la gare est des bus, Ekamail Station. Arrivee a cette gare 10h11, depart du bus pour Trat 10h12... 7 heures plus tard, escalade sur l'arriere d'un taxi local, et montee direct dans un ferry pour Koh Chang. Debarquement sur l'ile a 19h00. La nuit est tombee. Attrapons un taxi de nouveau vers un hotel. top chrono, posage des sacs a 20h30.
23h30 de voyage, 7 moyens de transport differents, gros dodo cette nuit.
Recompense: Il fait super beau aujourd'hui, je vais encore cramer...